Sylvie Lécuyer tous droits réservés @

ACCUEIL / ENTROPIES VIDÉOS / MES SEMAINES DE BONTÉ / PASSAGE DE LA TRINITÉ / DES NOUVELLES DE GÉRARD DE NERVAL

MES SEMAINES DE BONTÉ

_____

ENTROPIES VIDÉOS

et puis tout s’est défait

décompositions cendreuses

entropie blanche

du presque rien dans un peu d’eau

empilements rêveurs

comme un rouleau inachevé du vieux maître Wanf-Fô

petits conciliabules en terre lointaine pour enchanter l’absence

masques

l’univers submergé d’Anselm Kiefer

comme un katagami

on l’appelait Citrouille-Amère

enfoncements, creux et replis

la difficulté d’être

ex-voto

traverser les ombres

usures

Boltanski, la vie en loques

NERVALIENNES

le Valois de Gérard de Nerval

fantaisie

un air très vieux…

épanchement du songe

et n’attends pas la NUIT !

______

entropie :

régression des structures différenciées,

dégénérescence à l’infini

______

Fonction chargée de mesurer la dégradation de l’énergie et le degré de désordre de la matière, la notion d’entropie a mis en évidence « qu’un système ne passe jamais deux fois par le même état ». Appliquée à la conscience humaine, elle exprime l’évidence existentielle de l’irréversible, de l’inéluctable dégradation ou déperdition des êtres et des choses, la victoire du désordre, voire du chaos, sur les formes structurées, de l’instable sur le permanent, de l’autre sur le même. Défaite du rêve narcissique d’ipséité et d’éternité, désastre qui s’inscrit dans la conscience comme une part manquante, une absence qu’elle rêve de combler, ou au moins de dire.

Sans annuler le désastre, l’image peut en être comme la substantiation, fonctionnant à l’égard du réel qui l’inspire à la manière d’un révélateur photographique. La part manquante s’y inscrit comme l’ombre en clair sur un négatif et dans l’étrangeté ainsi suscitée, la conscience déchiffre, comme une émergence rêveuse, quelque chose d’elle-même. Expérience de rêveur éveillé, dans une connivence très ancienne avec la disponibilté au surgissement des images, que Julien Gracq captait dans les eaux étroites de l’Evre.

Images, vidéos de décompositions en eaux dormantes, de presque rien, en infusion lente de matière qui se défait, où s’enchantait la rêverie de Bachelard. Images aussi d’autres usures et déperditions, en écho à d’autres univers submergés, celui de Kiefer, celui de Boltanski, celui de Nerval aussi, qui a si bien dit dans Aurélia la hantise d’un monde qui se décompose et se meurt.

« Mes semaines de bonté », collages, dans la droite ligne évidemment de Max Ernst, se proposent le même objectif, à partir d’une autre réalité, le plus souvent des représentations d’objets d’art, détournées de cette fonction par le découpage et l’assemblage.

(Navigation ci-contre, à gauche)